Quand l’information échoue : la fracture citoyenne dans les pays en développement

"Inadéquation du système d’information en Afrique : comment la communication défaillante alimente l’exclusion et le sous-développement"

Koffi Olivier HOUNKPE

8/30/20254 min temps de lecture

black blue and yellow textile
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Comment la communication défaillante alimente l’exclusion et le sous-développement

Dans de nombreux pays en développement, le système d’information publique est souvent inadapté, inefficace ou trop centralisé. Les populations, particulièrement les jeunes, ne comprennent pas les initiatives gouvernementales, qu’il s’agisse de programmes sociaux, de plans de santé ou de politiques économiques et judicaire. Ce manque de clarté génère une faible participation citoyenne et un sentiment d’exclusion.

Conséquences dramatiques sur la société

L’absence de communication efficace ne se limite pas à une incompréhension administrative : elle a un impact direct sur la sécurité et le développement. Dans certains contextes, des jeunes marginalisés se tournent vers des mouvements extrémistes ou terroristes, convaincus que leurs besoins et leurs voix sont ignorés. Cette radicalisation entraîne l’arrestation de nombreux jeunes, fragilisant davantage les familles et réduisant le capital humain disponible pour le développement.

À une échelle plus large, cette fracture informationnelle agit comme un véritable cercle vicieux de sous-développement. Lorsque les citoyens manquent d’informations claires et accessibles, leur participation aux décisions collectives diminue, limitant leur capacité à influencer les politiques publiques. En conséquence, ces politiques restent souvent déconnectées des besoins réels des populations, inefficaces et peu adaptées aux réalités locales.

Cette déconnexion engendre un renforcement des inégalités sociales : les populations les plus marginalisées, déjà peu informées, se retrouvent exclues des bénéfices des programmes gouvernementaux, tandis que ceux qui ont accès à l’information et aux ressources continuent de progresser. Le manque de participation citoyenne et de compréhension des initiatives publiques fragilise également la cohésion sociale et ouvre la voie à la désaffection, la frustration et parfois la radicalisation, empêchant toute dynamique durable de développement.

La nécessité d’une communication adaptée

Pour rompre ce cycle, il est urgent de repenser la manière dont l’État et les institutions communiquent. Les messages doivent être :

1. Clairs et accessibles
Les messages doivent être compréhensibles par tous, quel que soit le niveau d’éducation. Cela implique l’utilisation d’un langage simple, d’illustrations visuelles, d’infographies et d’exemples concrets directement liés au quotidien des citoyens. Plus un message est visuel et pratique, plus il est assimilé et utilisé.

2. Ciblés et adaptés
Une communication efficace ne peut pas être générique. Elle doit être adaptée aux tranches d’âge, aux niveaux de compréhension et aux contextes culturels locaux. Par exemple, les jeunes peuvent être atteints via les réseaux sociaux ou des vidéos interactives, tandis que les adultes ou les communautés rurales peuvent mieux comprendre des supports radio, des affiches ou des sessions de sensibilisation en présentiel.

3. Participatifs et engageants
Enfin, la communication doit favoriser le dialogue et l’échange. Les citoyens doivent pouvoir poser des questions, donner leur avis et être consultés sur les initiatives qui les concernent. L’inclusion des retours des communautés permet non seulement d’améliorer l’efficacité des programmes, mais aussi de renforcer la confiance, le sentiment d’appartenance et la responsabilité citoyenne.

En combinant ces trois principes, les gouvernements et organisations peuvent transformer l’information en un outil de cohésion sociale et de développement durable, plutôt qu’en simple transmission unidirectionnelle de directives.

Le marketing social inclusif comme solution

Le marketing social inclusif apparaît comme une stratégie particulièrement efficace pour réduire la fracture informationnelle et rapprocher les citoyens des initiatives gouvernementales. Il s’agit de concevoir des campagnes centrées sur le public, qui utilisent des canaux diversifiés adaptés à chaque contexte : radio locale, réseaux sociaux, SMS, affichage communautaire, mais aussi événements interactifs en présentiel.

Parmi ces initiatives, les concerts éducatifs permettent de transmettre des messages importants de manière ludique et engageante, tout en rassemblant les communautés. Les débats publics offrent un espace de dialogue où les citoyens peuvent poser des questions, exprimer leurs préoccupations et comprendre concrètement les politiques qui les concernent. Enfin, les projections de films ou documentaires suivies de séances de sensibilisation dans les villages permettent de combiner information visuelle et discussions participatives, rendant l’apprentissage accessible et mémorable.

Des programmes pilotes ont montré que lorsque les communautés comprennent et participent, le taux de réussite des initiatives augmente, la cohésion sociale se renforce et la marginalisation des jeunes diminue.

Un système d’information inadéquat n’est pas seulement un problème technique : c’est un frein au développement et à la sécurité nationale. Les gouvernements doivent investir dans des stratégies de communication adaptées à chaque public, en impliquant activement les citoyens dans la conception et la diffusion des messages.

HLEMI Center, dans sa mission d’accompagnement des jeunes et des familles, plaide pour ce type d’approche : une information claire, inclusive et participative, capable de prévenir l’exclusion et de construire une société plus résiliente et responsable.

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